GROSSE SOIRÉE POUR LES AMATEURS
DE METAL!
Les métaleuses et les métaleux de
toutes les générations en ont certainement eu pour leur argent ce jeudi 5
février dernier, alors que se sont successivement produits sur scène Black
Crown Initiate (BCI), Iron Reagan, Exhumed, Voivod et Napalm Death... Au grand
damne de quelques spectateurs retardataires qui ne s’étaient pas procurés de
billets en prévente et qui se sont fait pogner les culottes baissées devant les
portes du Mavericks alors que la salle de spectacle affichait complet!
Les portes ouvraient à 18h et
déjà BCI foulait les planches. D’aucuns diront que c’était très tôt pour
débuter la soirée, puisque le temps de se préparer, de souper et de se rendre
au Mavericks après une journée de travail, le premier groupe regagnait les
loges. C’est donc à regret que plusieurs n’ont pu voir performer ce jeune
groupe. Originaire de la Pennsylvanie et fondée en 2013, la formation de Black
Crown Initiate évolue dans le progressif death metal et exploite des thèmes philosophiques,
notamment le nihilisme, un point de vue selon lequel le monde est dénué de tout
sens.
À 19h20, c’était au tour d’Iron
Reagan, un groupe hardcore punk/trash metal, d’échauffer les planches. Le
groupe, composé de quatre membres, est originaire de la Virginie et évolue sur
la scène métal depuis 2012. Beaucoup de jeunes attendaient avec impatience ce
show qui fut somme toute énergique, rafraichissant et, plutôt, surprenant! En
fait, plusieurs, bien qu’ils ne connaissaient pas cette formation, se sont
surpris à taper du pied et à suivre les beats vifs et musclés de la musique
d’Iron Reagan! Traitant de thèmes tels que la politique et la violence, de side-project par des membres de
Municipal Waste et de Darkest Hour, Iron Reagan a su trouver sa niche et
conquérir son public. Le groupe a finalement produit trois albums dont le
dernier en collaboration avec nul autre qu’Exhumed…
Ce qui m’amène à la prestation
d’Exhumed qui avait ensuite rendez-vous avec son public. Exhumed est un groupe
gore/death metal, dans sa forme plutôt traditionnelle et fort apprécié par ses
auditeurs, alors qu’il était attendu par de nombreux fans. Ce band californien,
originaire de San Jose, influencé par des bands tels que Carcass et Entombed, s’est
formé au début des années 90 et exploite des thèmes gores mariant légendes et
allégories. Le public a en effet eu le privilège d’assister à une brève
apparition de l’homme à la scie à chaîne, vêtu d’un sarrau de boucher maculé de
sang. Malheureusement, l’accent n’a pas été mis sur cette apparition alors que
le groupe a continué à jouer comme s’il n’en était rien laissant de ce fait
tomber à plat ce qui aurait pu être une intervention fort divertissante!! Reste
que la formation a bien joué, exploitant un répertoire satisfaisant, mais on
s’attendait à davantage de cette formation reconnue. Peut-être a-t-elle
seulement fertilisé humblement la scène où allaient se déployer ensuite les
deux grands noms faisant office de têtes d’affiche : Voivod et Napalm
Death!
Lorsque Voivod a foulé les
planches, la foule s’est aussitôt densifié et massé vers l’avant pour
accueillir comme il se doit ce groupe « trash » metal légendaire!
Originaire de Jonquière, Denis « Snake » Bélanger n’a pas hésité à
s’adresser à la foule tantôt en français, tantôt en anglais y allant même d’une
chanson de son répertoire francophone! Somme toute, les fans ont eu droit à une
set list de choix, une sélection
opérée parmi les meilleurs titres de l’histoire du groupe! Un moment fort du
spectacle de Voivod fut sans aucun doute l’interprétation d’Astronomy Domine de
Pink Floyd dédiée à Denis « Piggy » D’Amour, décédé en 2005.
La formation metal Voivod a
débuté ses activités en 1982. Tandis qu’à l’époque, les musiciens de
speed/trash metal tentaient davantage d’imiter des groupes comme Slayer, et du
coup d’atteindre le record mondial du batteur le plus rapide, la niche que
s’est créé Voivod était si unique que personne n’a jamais vraiment tenté de les
copier. Il est d’ailleurs écrit dans l’encyclopédie du Heavy Metal[i],
que les seuls groupes auxquels on pouvait jadis comparer la formation d’un
point de vue technique était Rush dans ses moments les plus techniques et King
Crimson circa Red. Or, sans vouloir entrer dans des détails trop techniques, on
ne peut que s’incliner devant la qualité et le calibre musical des musiciens de
Voivod.
Petite anecdote à ce propos,
alors que je demande à mon collaborateur qui répond indéfectiblement à cette
question souvent posée de ma part : « Mais, dans quelle catégorie
peut-on bien entrer Voivod? » Lui, muet d’abord, par monosyllabes
ensuite, de me répondre : « … Heuuuu! Heuuuu! Dans la catégorie
voivodienne! Voilà! » Ce qui crée d’ailleurs l’attrait chez Voivod, c’est
l’aspect artistique, des créateurs qui ne s’imposent pas de carcan, sinon le
leur, libérés de la camisole de force qu’est la catégorisation. En outre, il
est fascinant de savoir que Michel « Away » Langevin, le batteur du
groupe depuis les tout premiers débuts du groupe, un esprit créatif débordant,
est l’illustrateur du groupe ainsi que le concepteur du personnage qui a donné
son nom à Voivod, un antihéros semble-t-il inspiré d’une légende
transylvanienne.
Bref, un coup de cœur pour cette
formation et two tumbs up pour cette
performance dynamique ce jeudi dernier au Mavericks! C’est en effet avec
beaucoup d’énergie et de fougue que s’est livré Snake (Denis Bélanger) et avec
finesse, impétuosité et un plaisir évident que les autres membres ont soutenu
sa performance.
Finalement, Napalm Death a
poursuivi avec entrain la soirée déjà bien entamée. Malheureusement, dès le
début, le groupe a connu quelques petits problèmes techniques, ce qui a légèrement
freiné les ardeurs du groupe. Ces problèmes réglés, les membres du groupe ont
retrouvé leur bonne humeur et ont pu s’adresser à leur public. Puis, le
chanteur a déployé toute son énergie, sa pétulance et son agressivité sur scène...
En fait, jamais les fans n’ont vu Napalm Death aussi déchaîné; ce qui prouve
que malgré le fait que les musiciens soient d’un âge plus « vénérable »,
disons cela comme ça, ils n’ont rien perdu de leur fougue et semblent toujours
aussi passionnés par ce qu’ils font! Socio-politiquement engagés, les textes de
Napalm Death se veulent percutants, mordants et anarchistes, les tempos sont
rapides, tandis que les sons de guitare sont brutaux et distordus. Les fans
n’ont certainement pas été déçus tant par leur performance que par leur
répertoire, dont près du quart était tiré des deux premiers albums, tandis
qu’un autre quart était tiré du nouvel album, tout juste sorti il y a quelques
semaines à peine. Un album excellent, aux dires de certains fans, soit-dit en
passant, peut-être même l’un des meilleurs!
Napalm Death est un groupe de
grind metal, originaire de l’Angleterre, qui roule sa bosse depuis 1981 et
considéré par son public comme étant l’un des pionniers du genre grindcore
metal. C’est dans cette veine que les fans ont pu apprécier une formation
toujours aussi agressive et généreuse sur scène! Seul bémol, le fait que Mitch
Harris, le guitariste du groupe, ait été absent. Sinon, le groupe a offert
toute une performance, une performance au-delà des attentes! On se demande même
comment font-ils pour jouer avec une telle intensité soir après soir? Aussi
rarement a-t-on vu une telle performance vocale en show!
Un merci spécial aux promoteurs,
Mavericks et Black Widow Promotions, sans qui cette soirée n’aurait pas eu
lieu.
A special thanks to
the promotors, Mavericks and Black Widow Promotions, without who that event
wouldn’t have been possible.
Review: Marie-Josée Brisson
Collaborateur: Stéphane Plante
©Québec-Métal